Ce billet s’adresse à ceux et celles qui seraient en train de lire Guerre et Paix et qui pourraient se sentir un peu perdus au milieu des opérations militaires des guerres napoléoniennes. Ce roman porte bien son nom, et la guerre y est très présente, tant du point de vue du simple soldat ou sous-officier perdu au milieu de la bataille, que dans le secret des conseils de guerre qui précèdent les grandes victoires… ou défaites. Voici donc quelques repères pour ne pas être vous noyer dans cet océan qu’est l’armée impériale russe.
L’organisation de l’armée impériale russe
L’armée russe comporte quatre armes : l’infanterie, la cavalerie, l’artillerie et les cosaques.
- Les hussards sont un régiment de cavalerie légère appartenant à la cavalerie.
- La garde impériale est un corps d’élite affecté à la protection du tsar, servant de réserve dans les combats.
- Chaque général est accompagné d’un ou plusieurs aides de camp.
Lorsqu’ils montent en grade, les sous-officiers et officiers sont tenus d’acheter eux-mêmes leur équipement et leurs décorations.
- Sous-officiers : caporal > sergent > sergent-chef > aspirant (Nicolas Rostov) > aspirant-chef
- Officiers : enseigne > sous-lieutenant > lieutenant > capitaine en second > capitaine (prince André Bolkonsky, Denissov) > major > lieutenant-colonel > colonel > brigadier
- Généraux : major général > lieutenant général > général > feld-maréchal
Organisation des troupes : compagnie > bataillon (infanterie) ou escadron (cavalerie) > régiment (aussi appelés du lieu où étaient levées les troupes) > bridage > division > corps > armée. L’armée impériale russe comptait plusieurs « armées » dirigées par des généraux, réunis en temps de guerre sous un commandant en chef des armées.
Les campagnes militaires
Voici les principaux combats auxquels ont participé les héros de Guerre & Paix remis dans leur contexte. Les guerres napoléoniennes se déroulaient sur de nombreux théâtres d’opérations. Bien sûr, le roman ne montre que le point de vue russe. Je remplirai cette partie au fur et à mesure de ma lecture…
1. 1805 : la campagne d’Autriche (Livre premier) ou « Moi aussi, je veux être Empereur »
Lorsqu’en 1804, Napoléon fonde l’Empire français, cela pose un problème diplomatique : héritier de l’Empire de Charlemagne, seul le chef du Saint Empire romain germanique pouvait porter en Europe le titre d’Empereur. Or Napoléon veut être reconnu comme Empereur lui aussi. Ce n’est bien sûr qu’un prétexte, auxquels l’Angleterre, l’Empire d’Autriche et la Russie répondent en formant la Troisième Coalition. Ayant renoncé à envahir l’Angleterre, Napoléon se dirige vers Vienne. Les armées russes rejoignent alors les armées impériales à l’ouest de Vienne. Suite à la défaite cuisante du général autrichien Mack à Ulm, les héros participent à trois combats : la bataille de Dürenstein (à Krems) menée par Koutouzov, le combat de Schoengraben par lequel l’avant-garde du prince Bagration parvient à protéger le repli du reste de l’armée russe et la bataille d’Austerlitz, aussi appelée « bataille des trois empereurs » puisque les armées coalisées furent dirigées par l’empereur François II et le tsar Alexandre. Austerlitz est une victoire française : l’empereur François II, qui a déjà perdu Vienne, signe une paix séparée et les armées russes se replient. Napoléon exige la dissolution du Saint-Empire romain germanique et redessine la carte de l’Allemagne en donnant le jour à de nouveaux états réunis dans la Confédération du Rhin. François II devient l’empereur François Ier d’Autriche.
2. 1806 : la campagne de Prusse et de Pologne (Livre deuxième)
Napoléon ne s’arrête pas en si bon chemin et reprend les combats en s’attaquant cette fois au royaume de Prusse. La Russie ne participera que peu à cette guerre de la Quatrième Coalition, qui voit surtout la chute du royaume de Prusse.. Les troupes françaises font des incursions en Pologne afin de « libérer les Polonais du joug prussien » et constituer un duché de Varsovie indépendant. Les troupes russes dirigées par le général Bennigsen sont défaites à la bataille de Friedland. Le tsar se résout à la paix : c’est la paix de Tilsitt, signée en juillet 1807. Les deux empereurs se rencontrent sur le Niémen (cette scène est vue dans le roman par Berg) et fondent une alliance qui durera jusqu’en 1812.
3. 1809-1812 : la guerre russo-turque
Cette guerre à laquelle participe complètement le prince André oppose la Russie à l’Empire ottoman pour repousser les Turcs le long de la Mer noire et prendre le contrôle des Balkans. La guerre se termine en 1812 par le traité de Bucarest qui accorde de larges territoires aux russes, notamment la Moldavie. On retrouve à la tête des armées russes les généraux Bagration et Koutouzov.
Voici donc la situation de l’Europe en 1812, au moment où Napoléon s’apprête à envahir la Russie.
4. 1812 : la campagne de Russie
Sur un prétexte diplomatique, les troupes de Napoléon traversent le Niémen en 1812, rompant ainsi l’accord passé en 1807. Après plusieurs ultimatums enjoignant l’armée coalisée de Napoléon de reculer, la guerre est déclarée. On parle bien d’une armée « coalisée » (aussi appelée la Grande Armée) et non plus « française » car les troupes viennent alors de tous les territoires conquis par Napoléon. C’est une armée protéiforme et multilingue qui entame cette campagne et s’enfonce en Pologne. Après la chute de Smolensk, première grande ville après la frontière (vécue par les yeux de l’intendant du prince Nicolas Bolkonsky), le général Koutouzov est nommé généralissime, afin de ne pas reproduire le désastre d’Austerlitz, dû en partie à l’éparpillement du commandement. Mais la route de Moscou est ouverte à Napoléon.
Malgré la résistance de l’armée russe, il ne peut empêcher la défaite de Borodino (à laquelle participent le prince André et Pierre Bézoukhov) et décide de se replier derrière Moscou en abandonnant la capitale qu’il juge impossible à défendre compte tenu de l’état de ses troupes. LMais le choc subi par la Grande Armée a fortement ébranlé celle-ci. Aussi l’étonnement de pouvoir prendre Moscou sans se battre cède la place dans les troupes napoléoniennes à l’envie de profiter des plaisirs de la « cité asiatique aux mille clochers ».
Les grandes figures de l’armée russe
- L’empereur Alexandre
- Koutouzov
- Bagration
- Dokhtorov
- Miloradovitch
- Barclay de Tolly
Pas de commentaires
Merci beaucoup c’est super ! J’ai beaucoup de mal avec les grades militaires que je n’arrive jamais à retenir (un peu comme les titres de la noblesse anglaise^^) et tu m’évites de chercher ! J’adore aussi les portraits des chefs militaires. Je n’en suis pas encore aux batailles mais j’ai hâte !
Ahhh tant mieux, c’est parfait si ça peut t’être utile !! Surtout ne te décourage pas dans cette partie-là qui peut sembler longue… 😀
Ouh, très judicieux ! 😀
Tu l’as déjà lu ??
J’ai essayé de le lire en entrant à la fac, j’ai abandonné car je ne m’y retrouvais pas !
J’aimerais bien que mes parents me donnent leur collection des maréchaux de l’empire en porcelaine.
Ohh, il faut que tu noues envoies une photo !!
Elle est chez eux ! Cet été quand j’irai, je le ferai.
Merci beaucoup pour ce joli travail!!!! Superbe coach!!
Merci ! J’espère que ça t’aidera pendant ta lecture 😀
Super intéressant et pratique. J’ai une vieille édition de Guerre et Paix qui traîne dans mon armoire
Cela va m’aider à me remettre dans le bain quand je vais commencer à regarder mes adaptations. Il faudrait que je m’y mette d’ailleurs….. Longtemps j’ai eu peur de lire ce roman à cause de la partie guerre et tout est très bien passé, je ne me suis pas ennuyée. Je ne sais pas si je t’ai dit que j’avais lu la version éditée chez points il y a deux ans qui est légèrement différente de celle que vous lisez (la fin est notamment raccourcie et il y a également une énorme différence dont je ne peux pas parler sans spoiler les lectrices actuelles…on en reparlera.)
Ah merci beaucoup Eliza, ça va permettre d’y voir plus clair !
C’est ce qui m’avait gêné à la lecture de ce roman. Trop de descriptions militaires. J’avais abandonné.
Je vais vite aller l’acheter. Ce billet me donne encore plus envie de découvrir ce roman.
Tant mieux, c’était vraiment mon objectif ! 😀
Tentée par Shelbylee, j’ai rouvert Guerre et Paix. Je l’avais lu il y a quelques années et j’avais beaucoup aimé. Cette fois encore, le charme opère…
Puis-je éventuellement me rallier à vos troupes ? Pour quand avez-vous prévu de lire ce roman ? Merci d’avance pour les infos 🙂
Mais avec plaisir, bienvenue !! Nous sommes en plein dedans car les billets sont prévus pour le mois de mars : pas de jour précis, ce sera un mois Guerre et paix avec livre et/ou films !
Chouette ! Pas sûre d’être dans les temps mais ça reste possible comme objectif.
Disons qu’on met juste nos motivations en commun pour le lire en entier !
Génial! Ca me rappelle cette merveilleuse lecture!
[…] Un aide-mémoire militaire pour mieux comprendre le roman […]
Super billet ! Je viens de découvrir ton blog et j’en suis ravie.
Pauline, httpmimolettres.fr
[…] pas chroniqué ce livre ici, j’ai bien aimé accompagner la découverte du roman avec un billet un peu différent, qui conjugue mon goût pour l’histoire avec mon amour pour […]
Merci pour cette belle documentation 🙂 Je compte justement m’attaquer à G&P très prochainement. Je vais bientôt le commander. C’est un roman que je souhaite découvrir depuis que j’ai lu et A-DO-RE Anna Karenina, mais je n’osais pas, j’avais des craintes comme tout le monde lol. Mais depuis cette année je me sens prête à attaquer ce grand classique. Tous ces avis positifs (le tien et puis aussi celui du blog « Marmeladedeslivres.blogspot.com » un excellent blog si tu le connais 😉 ) me donnent une terrible envie de l’entamer, et aussi le fait qu’une nouvelle adaptation est en production. J’ai hâte. Puis je me dis je ne devrais pas autant le craindre puisque je suis sous le charme de la plume de Tolstoï ^^ … Et si jamais je bloque, j’ai maintenant sous la main ton blog :). J’ai hâte de le lire enfin et j’espère sincérèment l’aimer autant que toi 😀