Présentation :
Nous sommes dans l’Angleterre victorienne. Margaret Mackenzie, une vieille fille de 35 ans, fait tout à coup uh bel héritage. Bientôt les prétendants se pressent. Désemparée, elle hésite entre son cousin John Ball, veuf et père d’une nombreuse famille ; Samuel Rubb, l’associé de son frère, quelque peu filou ; et le révérend Maguire, qui aurait été si beau sans son œil défectueux. La situation se complique lorsque l’héritage est remis en cause… Il va falloir à Miss Mackenzie beaucoup de sang-froid pour sonder son cœur et éviter les pièges qu’on lui tend.
Publié en 1865, inédit en français, Miss Mackenzie est typique de l’art du grand romancier. Sa maîtrise de l’intrigue, la vérité psychologique de ses personnages, son goût pour la satire sociale, son humour direct forçaient l’admiration de Henry James, de Raymond Queneau ou de Léon Tolstoï, qui disait de lui : « Il me tue, il me tue avec sa maîtrise ! »
Ce que j’en dis :
Miss Mackenzie, malgré ses 35 ans, n’a quasiment pas vécu : garde-malade de son père, puis de son frère, elle n’a jamais fréquenté la bonne société ni appris les usages du monde. Aussi est-ce avec un oeil malicieux et beaucoup de tendresse que Trollope met son héroïne aux prises avec ce monde. En faisant cet héritage, Miss Mackenzie décide de se comporter comme ce qu’elle croit être, une vieille fille riche. Elle prend donc sous son aile l’une de ses nièces et part vivre dans une petite bourgade éloignée de Londres, Littlebath. Arrivée là-bas, elle découvre une société coupée en deux, se voit contrainte de choisir son camp et fait la connaissance de deux prétendants qui se déclarent. À son âge, Miss Mackenzie ne croit plus aux miracles, mais est encore assez romantique refuser un homme qui ne toucherait pas son coeur. Lorsque son héritage est remis en cause au profit de son cousin, John Ball, seul le caractère profondément droit de Margaret pourra lui permettre de garder toute sa dignité dans les épreuves qui l’attendent.
C’est avec une grande finesse psychologique, non dénuée d’humour, que l’auteur nous conte les aventures de cette femme. Les personnages secondaires sont croqués avec beaucoup d’ironie, sans jamais tomber dans la caricature, tels le révérend Maguire (et son oeil !) qui revient réclamer Margaret comme sa fiancée pour récupérer l’héritage, Mrs Mackenzie, la belle-soeur de Margaret, dont la rancune tenace envers elle rend sa conduite souvent ridicule ou bien Mrs Todd, l’une des habitantes de Littlebath, dont la bonne humeur attire Miss Mackenzie malgré son appartenance au « clan des pécheurs » ! L’auteur n’épargne aucun de ces personnages, pas même Margaret qui devra faire face à la méchanceté de Lady Ball, la mère de son cousin, qui n’éprouve aucune pitié pour cette cousine qui leur a volé l’héritage qui leur aurait dû leur revenir… Le dénouement est à la hauteur de nos espérances et bien au-dessus de celles de Margaret qui ne pensait plus trouver l’amour à son âge !
Il est difficile d’évoquer tous les aspects de ce roman. Portrait de femme, satire sociale, fresque romanesque… autant de domaines dans lesquels Anthony Trollope prouve tout son art. L’intrigue est parfaitement maîtrisée et chaque élément prend son importance au fur et à mesure de l’histoire. Les fréquentes incursions de l’auteur dans son récit m’ont un peu dérangé, moins cependant que ses idées très arrêtées sur la place des femmes dans la société, sur leur capacité à réfléchir et à se comporter dans le monde. Heureusement, comme le dit très bien George, « l’auteur est résolument du côté de son héroïne » et on peut alors supposer que ces assertions n’étaient elles-mêmes qu’une vision ironique des idées de l’époque.
Ce que j’en fais :
Cette première lecture d’Anthony Trollope est un vrai coup de cœur pour moi. Un grand merci à deux super copines blogueuses : Martine de Plaisirs à cultiver qui m’a donnée envie de le lire et Alice de Books are my Wonderland avec qui j’ai fait ici ma première lecture commune (bien qu’un peu chaotique à cause de mes problèmes d’internet !). Ce roman rentre dans le challenge victorien d’Arieste et ce sera donc ma deuxième participation.
Ils en parlent aussi :
- Alice : « Finalement, c’est quand elle commence à avoir des ennuis que l’histoire devient captivante et qu’on ne peut plus lâcher le livre avant d’être fixée sur son destin. »
- Martine : « Anthony Trollope est brillant et « Miss Mackenzie » superbe. »
- George : « une pure merveille qui se lit comme on se délecte d’un plat à la fois raffiné, savoureux et épicé »
- Chiffonnette : » c’est drôle, vraiment drôle quand par petites touches, il met en lumière les ridicules des uns et des autres, les ressorts des ratés amoureux, les mesquineries que dissimule tant bien que mal la bienséance »
- et sur Babelio
27 commentaires
Ca tombe bien, j’ai très envie de le lire. Merci pour ce billet enthousiaste !
Je te le conseille vraiment, je pense que tu vas beaucoup aimer !
Je suis tellement contente que tu aies aimé. Je suis bien d’accord avec ton analyse du livre et je pense qu’effectivement il y a beaucoup d’ironie chez Trollope. Il faut que je continue mes lectures trollopiennes, j’en ai un certain nombre dans ma PAL.
Grâce à toi, la prochaine sera Le Cousin Henry 🙂 en revanche, ils sont un peu durs à trouver et n’ont pas été tous traduits… On fait un peu de l’archéologie en somme, on redécouvre des auteurs oubliés, j’adore !
Bon ce fut un peu cahotique mais très agréable! Et puis ça nous donne une excuse pour recommencer, la prochaine fois nous serons mieux organisée!!! Je vais jeter un oeil à ta PAL 😉
Oui, j’adore le concept de pouvoir échanger en cours de lecture !!
J’ai bien aimé ce livre. Je vais bientôt lire son dernier sorti soit Le docteur Thorne, c’est une série qui commence à être traduite chez Fayard. J’ai hâte!
Des nouveaux Trollope chez Fayard ? J’attendrais la sortie en poche mais c’est une super nouvelle vu le peu de titres disponibles 🙂
Il faudra surveiller. Mais attention tous les titres sortis en grand format ne sont pas rééditer en poche.
Un auteur qu’il faut que je découvre, tu m’as donné envie.
Oui, je le conseille vraiment, c’est une belle trouvaille 😉
Super super super de voir tant d’avis positifs. Ce livre est dans ma pile à lire.
En tant que libraire je saurai que je peux le conseiller pour les fan de Jane Austen, non ?
J’ai failli l’écrire dans mon billet mais ce n’est pas quelque chose qu’on dit à la légère, n’est-ce pas ?… 😉 Mais OUI, je le conseillerai à tous les fans de Jane Austen !
Je suis contente que tu aies aimé, j’ai hâte de lire un autre roman de ce cher Anthony !
(merci pour les citations dans le texte 😉 )
Oui, moi aussiiii !! Je vais désormais traquer ses traductions 😀
décidément, il faut que je lise ce livre 😀
J’aime beaucoup ton billet, ça donnes vraiment envie de le lire!! =D
Ça fait plaisir de voir Trollope découvert par de nouvelles lectrices, surtout avec cet excellent roman, bien représentatif de son œuvre ! Quand tu évoques ses idées arrêtées sur la place des femmes dans la société, je crains que cela ne soit pas qu’une « vision ironiques des idées de l’époque ». On trouve de beaux personnages féminins chez lui mais qui ne parviennent jamais à l’indépendance totale. Le mariage est toujours une récompense pour les héroïnes les plus méritantes. C’est bel et bien un homme de son époque ! Mais ses livres me passionnent, par la franchise avec laquelle il parle de la société, même si ses opinions sont à l’opposé des miennes.
Comme je n’avais rien lu de cet auteur, j’ai acheté ce livre il y a un moment pour ne pas dire une éternité et il est temps d’après ton billet que je le ressorte ! 🙂
Haaa, ça fait plusieurs fois que je le vois celui-ci !! J’en ai très envie aussi !
je pensais découvrir l’auteur avec un autre titre mais tu me tentes gravement !
Je l’ai acheté il y a très peu de temps et il me tente beaucoup. Il faut que je le mette sur ma table de nuit.
[…] Miss Mackenzie […]
[…] Miss Mackenzie […]
[…] grandes espérances, Miss Mackenzie, Quelle époque !, Middlemarch, Le secret de Lady […]
[…] le jeune Francis Gresham, fils de l’aristocratie du comté. Comme dans Quelle époque ! et Miss Mackenzie, Trollope allie l’humour et sa parfaite connaissance du cœur humain pour nous offrir un […]
[…] courtisée tout d’un coup après avoir fait un bel héritage. J’en avais déjà parlé ici […]