Tout fan de Downton Abbey qui se respecte connaît Julian Fellowes, scénariste de la série et auteur des réparties si piquantes de la comtesse douairière. À la lecture de Snobs, publié en 2004, on se rend compte que l’auteur portait en lui non seulement les germes de sa série mais aussi toutes les qualités requises pour en faire un succès. Car Julian Fellowes ne se contente pas de parler de la haute-société anglaise, il en fait partie. Sa femme est dame d’honneur de la princesse Michael de Kent et on peut sans trop se tromper l’identifier au narrateur de ce livre, un acteur moyennement connu navigant avec aisance entre le monde du spectacle et les champs de courses d’Ascot.
Avec cette position commode, le narrateur peut entrer partout et sert de confident et de lien entre les différentes parties en présence de cette histoire. La première partie est pleine de piquant : Edith Lavery, standardiste, est remarquée par Charles, comte Broughton lors d’une visite de la demeure des Broughton. La jeune femme a de l’ambition, de l’esprit et une jolie silhouette ; elle a été élevée par sa mère dans le rêve d’une vie de princesse, de voyages en Europe, de thés et de parties de chasse. Aussi lorsque Charles, sous le charme de cette fille qui détonne au milieu des soupirantes-plus-si-débutantes de la haute société, lui demande de l’épouser, elle accepte sans une hésitation – comblée de devenir la « comtesse Broughton ».
Parvenue à la fin de sa quête, et tombant de haut en découvrant la monotonie d’une vie à la campagne aux côté d’un propriétaire terrien sans fantaisie, deux destins s’offraient à elle : jouer son rôle à la perfection ou s’enfuir en courant. Sa belle-mère, lady Uckfield, lui sert de modèle pour le premier choix : mariée par arrangement, elle montre en toute occasion une volonté de fer et un contrôle d’elle-même qu’Edith admire et redoute à la fois. L’entrée d’Edith dans la famille ne lui a certes pas plu, elle propose néanmoins à Edith de la guider pour tenir son rang et s’assurer une petite part de bonheur, ou à défaut, de tranquillité. Mais la comtesse Broughton est-elle vraiment faite pour cette vie ? Lorsqu’un bel acteur arrive au château pour le tournage d’un period drama (seriously ?), parviendra-t-elle à résister à la tentation de tout envoyer promener ?
La plume de Julian Fellowes est caustique. Dans cette comédie sans autre prétention que de nous divertir, les acteurs jouent leur rôle, les décors sont bien plantés et le scénario sans fausse note ! La première partie est une réjouissante étude de la haute société britannique, de ses snobismes et de ses qualités qui la rendent malgré tout attachantes. La seconde partie se concentre sur la psychologie du couple principal et peut parfois avoir quelques longueurs. Je n’ai pas ressenti beaucoup d’empathie pour Edith, mais je dois avouer que le personnage de lady Uckfield est parfait et ravira les admirateurs de lady Crawley !
La passion des mondains pour les surnoms, preuve d’un prétendu non-conformisme, m’a toujours mis mal à l’aise. Tout le monde est « Toffee », « Bobo » ou « Snook ». Pour eux, ces petits noms ont un relent de gaieté, d’éternelle enfance, un parfum de souvenirs de leur Nanny et de pyjamas tiédis devant la cheminée de la nursery, alors qu’ils ne sont en réalité qu’une affirmation supplémentaire d’insularité, un rappel de leur histoire commune excluant les nouveaux venus tout en faisant étalage de leur intimité.
15 commentaires
Héhé ! Tu me convaincs d’aller me détendre prochainement avec ce roman en attendant la prochaine saison de Downton Abbey 🙂
C’est bien évidemment très tentant mais je me demande si je ne commencerais pas par son dernier roman qui me semblait encore plus alléchant. Tu l’avais acheté finalement ?
Non, j’attendrais qu’il sorte en poche 🙂
C’est l’une des mes répliques préférées ! Ca me tente beaucoup, c’est noté !
Tiens, je ne connaissais pas, mais je prends note 🙂
Ohh super, je note le titre 🙂
Je note l’auteur.
Et ton gâteau me rappelle que c’est l’heure du goûter.
Je me laisserais bien tenter par ce roman… Je pensais justement m’offrir l’un de ses romans prochainement. 🙂
Tout à fait le genre d’histoire qui pourrait me plaire, je note 🙂
J’adore la photo et le ton de ce billet. Et tu confirmes mon envie de découvrir ce titre que j’ai déniché il y a quelques temps chez un soldeur en anglais. J’espère que le niveau ne sera pas trop compliqué.
Je ne connais pas du tout l’auteur et je n’ai pas encore regardé la série mais cela viendra et je note aussi ce livre, merci pour la découverte !
Je crois que ça fait des années que ce livre est dans ma wishlist mais j’ai lu des avis très mitigés. Là tu fais bien pencher la balance quand même.
Ce petit gif de Violet illustre parfaitement le livre. Pour ma part j’avais une petite crainte en le lisant, en même temps quand on est en plein dans Downton Abbey, les exigences sont élevées ! Mais je n’ai vraiment pas été déçue et je pense bientôt m’attaquer à Passé Imparfait !
N’ayant jamais regardé Downtown Abbey – si, si, ça se peut ! – je reste un peu étrangère à cette chronique d’aficionados 😉
Mais ça parle sûrement à ces derniers !
Je viens de terminer « Passé imparfait », justement de Julian Fellows. Malgré une bonne histoire et une période fascinante, je n’ai pas accroché. Peut-être devrais-je tenter celui-ci! (Btw, très joli blog <3)