Pour la première fois, le blog Jane Austen is my wonderland d’Alice accueille une invitée et j’en suis très honorée ! À cette occasion, j’ai travaillé sur deux romancières qui me fascinent, Virginia Woolf et Jane Austen, et plus précisément sur la manière dont Virginia Woolf lisait et appréciait Jane Austen. Ce billet est donc publié dans son intégralité sur son site que je vous encourage à aller lire très vite si vous ne le connaissez pas encore !
« Of all great writers, Jane Austen is the most difficult to catch in the act of greatness. »
Il est universellement admis que Virginia Woolf était une admiratrice de Jane Austen. Pourtant, lorsqu’on regarde de près les textes laissés par cette remarquable analyste littéraire, il est difficile d’y trouver de réels éloges sur Jane Austen. Il est plus courant d’y voir d’autres auteurs comparés à Jane Austen pour faire ressortir leurs faiblesses ou leurs imperfections. Mais on y trouvera peu d’explications détaillées des raisons pour lesquelles Virginia Woolf tenait Jane Austen parmi les plus grands écrivains, non seulement de langue anglaise, mais aussi parmi les plus grands écrivains point. Cette position mérite qu’on s’y intéresse : Jane Austen est loin, encore aujourd’hui, d’être unanimement reconnue comme un écrivain ayant compté dans la construction du roman tel qu’il s’est développé au XIXe siècle. Son entrée très récente dans la Pléiade et les nouvelles traductions qui ont été réalisées à cette occasion sous la direction de Pierre Goubert, sont le témoin d’une reconnaissance académique méritée, bien que tardive. Il n’est pas rare de lire encore, sous la plume de journalistes ou d’autres, que les romans de Jane Austen sont les ancêtres des romances et autres harlequinades. La mode des romances historiques et variations en tout genre sur ses romans (baptisées « austeneries » par Alice et ce terme est resté) n’ont pas contribué à rectifier la croyance populaire selon laquelle les romans de Jane Austen sont des romans féminins à l’eau de rose, où il n’est question que de soupirants et de mariage. Ce qu’on sait moins, c’est qu’en 1905 déjà, Henry James se plaignait que la masse des éditeurs avait transformé Jane Austen (et dans une moindre mesure les sœurs Brontë) en produit commercial*. Virginia Woolf, de son côté, suivant ainsi les grands esprits littéraires de son temps, sur très vite déceler, dans la masse des lectures qui furent son quotidien, le talent, voire le génie de Jane Austen. Et son œuvre en est remplie, depuis ses essais jusqu’à sa correspondance quotidienne.